La prison des croyances

Comme le dit le vieil adage, nous sommes ce que nous croyons que nous sommes, les croyances peuvent nous aider et nous soutenir de manière positive dans le déroulement de nos vies mais elles peuvent aussi nous contraindre fortement jusqu'à nous affaiblir. Une croyance est une pensée ou une opinion que nous nous validons sans nous questionner sur sa véracité ou son bienfondé. La validation s'effectue en y accordant l'élément majeur à toute prise de pensée, la confiance. Une croyance n'aurait aucun pouvoir sur nous si on n’y accorderait pas notre confiance. La confiance est une forme de crédit que l’on accorde vers quelqu'un, quelque chose ou même en la vie, elle est une valeur forte qui doit nous porter tous les jours et ne doit en aucun cas être trahie. Elle est portée par une base de l’amour, au sens large du terme sans qui nous n’aurions aucune préférence; on ne peut pas avoir confiance en quelque chose ou quelqu'un que l’on déteste, valider consiste à aimer. Mais alors, qu’en est-il de la confiance que l’on accorde à des croyances limitantes, doit-on également vivre avec sans remettre en question l’essence même de ce qui peut bien sembler être une prison? Et si nous décidons de le faire, est-ce que nous n’invalidons pas notre propre jugement sur celles-ci? Je me demande ce qu’il peut être de notre vie quand nous ne sommes plus d'accord avec ce que nous pensons et que nous décidons de penser autre chose. Ne ressentirions-nous pas une forme d’auto-trahison? L’humain peut aimer des choses qui ne lui font pas du bien et se laisser lentement ronger par celles-ci, l’essentiel pour lui est qu’il vive l'expérience sans se poser de questions car les questions remettent en question la croyance et remettre en question, c’est se poser des questions. Il ne veut pas se trahir en contredisant les aspects de lui-même qu’il a validé et, en bon individu loyal, reste fidèle à son mode de pensée.

A partir du fait qu’il croit totalement en ce qu’il fait et qu’il y accorde sa confiance, il peut faire n’importe quoi, parfois même sans tenir compte de son instinct de survie. Il est bien là le grand danger de cette prison qui nous laisse avoir des pensées que l’on aiment sur des choses qui ne le méritent pas. C’est le cas de beaucoup de défauts des humains qui semblent aimer quelque chose qui leur est toxique, tel que la possession de matériel, les addictions, les envies de pouvoir, l'avidité à l'argent etc … Leur croyances donnent une direction à leur vie qui n’est pas toujours louable et ils se persuadent qu’ils font quelque chose de bien et qu’ils sont des gens bien. Ils se rabattent souvent vers une forme d'égoïsme qu’ils contractent par le biais de leurs croyances et ne voient que qu’ils s'autorisent à voir sans tenir compte de la réalité objective . Les croyances se forgent au travers des expériences de vies, de l’éducation, de notre entourage, de la société …C’est au moment où nous faisons le choix d’opter pour celles-ci que nous définissons de ce que sera notre avenir. Ces choix se font souvent lorsque nous sommes très jeunes et surtout influençables, dénués des expériences de la vie, dans une profonde ignorance de ce qu’ils vont nous apporter où nous enlever. Ils s’ancrent de manière très profondes jusqu'à ne plus être perceptibles et deviennent des éléments forts de notre identité . Il en résulte que l'identité de quelqu'un se crée par des choix avant-tout.

Une croyance peut brider la vie de quelqu'un jusqu'à un point dangereux si il a la conviction que ce qu’il fait est la chose à faire, il va vivre en fonction de celle-ci, les pensées, les émotions qu’il aura ainsi que les actions qu’il fera seront les conséquences de ses croyances. Il restera enfermé entre les murs de cette prison jusqu'à ce qu’il ait une prise de conscience, à la suite d’un événement douloureux où d’une expérience difficile, à ce moment-là, il fera le choix ou pas de changer ses croyances par d’autres croyances. Mais peut-être qu’il ne prendra jamais conscience qu’il est prisonnier de ses persuasions et continuera sa vie en ayant des chaines aux pieds . Le manque de confiance en soi est issu de croyances limitantes tentant à laisser stagner celui qui les a en insufflant constamment qu’il n’est pas capable, l’individu peut rester dans une souffrance en croyant qu’il n’est pas capable d’en sortir . Certaines personnes se bloquent ainsi toute volonté d’aller mieux par de simples pensées et vivent mal en ayant la croyance que c’est la vie qui est comme ça, les pensées pouvant être omniprésentes dans le cas d’une personne qui ne va pas bien, cela peut avoir des conséquences dramatiques à force d'intoxication mentale .

On peut croire que la société est mauvaise, que les gens sont toxiques où que les étrangers sont dangereux …, et ainsi se comporter en éternelle victime qui n’a de cesse de se plaindre et de ne rien faire de sa vie . Les croyances limitantes sont issues de peurs et certaines peurs sont issues de croyances, ainsi tourne en rond l’esprit de beaucoup de gens qui n’arrivent pas à se dire qu’il ne s’agit que de pensées . Les croyances sont les jalons de nos vies et nous les suivons sans même y réfléchir . En montagne, les jalons sont des bâtons de bois qui ont été plantés aux abords des routes pendant qu’il n’y avant pas de neige et servent à rester sur la route quand le chemin est brouillé par un épais manteau blanc . Au stade où on ne distingue pas les champs des routes, les jalons nous montrent le chemin à suivre pour ne pas se perdre . Si les jalons n’ont pas été placés correctement et ne suivent pas la route, on finit dans un champs, à l'arrêt sans savoir où on va avec tout les dangers que cela comporte en montagne . Le fait est que nous sommes obligés de croire, que ce soit bon pour nous ou pas, c’est une particularité de notre esprit qui se forge au cours des années et arrive quelquefois à faire de nous des sages . On peut passer sa vie entière à courir après une chimère en croyant que c’est la meilleure des choses et changer totalement de cap en fin de vie . L’approche de la mort bouscule souvent les croyances les plus fortes et apporte un éclaircissement des situations, celui-ci ne va rarement dans la direction que l’on croyait et nous donne une belle leçon de vie . La prison des croyances garde les gens dans ses murs jusqu'à ce qu’ils se retrouvent seuls, ou en groupe dans la tourmente . Les racistes continuent à détester et vivent une vie de colère, masquant une immense peur, les sexistes se battent toute leur vie contre leur congénères à qui ils doivent l’existence et vivent avec de la colère . Les extrémistes religieux détestent les autres religions et vivent de la colère, les avides amassent le plus d’argent possible en écrasant les autres et vivent dans la peur de perdre leur gain, les égocentriques font le ménage autour d’eux jusqu'à se retrouver seuls, en colère d'être seul et avec la peur de le rester . Des prisonniers, voilà ce que sont tous ces gens qui croient à des choses qui ne leur donnent pas l’essence même de ce qu’est la vie réelle, ce sont des prisonniers qui ne s’accordent même pas l’envie de sortir de cette prison car ils s’y complaisent en se voilant la face sur la réalité des choses .